Je suis sur le pas de la porte
De là j’entends des bruits de voix
On parle à voix basse, on chuchote
J’hésite un moment, puis j’entre
Trois miroirs se sont tus
Ils disaient plus qu’il ne faut dire
L’âme échauffée, je passe sans un regard
L’heure est aux nouvelles du soir
Un camion a embouti un autobus
Un prévenu clame son inconscience
Une femme a tué ses trois enfants
Un pompier a subi des brûlures
La déveine plein le cœur, je ferme
Réduite au silence, la TV est noire
Je repasse le pas de la porte étourdi
Dans mon lit je veux voir la nuit
Seule, elle me dit le bonheur d’un souffle court
Bon dimanche Clovis. Même sous la rafale les mots demeurent présents au regard. Rien ne les emporte.
Bon dimanche Clovis ! Même sous la rafale les mots demeurent bien accrochés au présent.
Nous n’avons pas le même souffle court, mais j’aime bien le tien. le mien s »occupe de notre pauvre terre qui est soumis au harcèlement des cherchuers de gaz. Tu savais qu’en allemand le «geist» est dans l’ADN étymologique de gaz et il signifie «esprit». J’en ai compris qu’aller chercher le gaz c’était aller chercher le souffle spirituel de la terre. Puis ils font des bavures atroces en remontant du méthane dans l’eau de nos puits…
C’est pourquoi moi aussi j’ai le souffle court.
Comme des gisants dans la poussière du temps
À boire, à boire
Mes amis, à boire
La terre a soif
Les hommes creusent creusent
L’esprit de la terre se cache
Au plus secret du lit
Sous de lourdes couvertures rocheuses
L’esprit de la terre
Gaz capricieux
Courre dans les veines secrètes
Loin des regards cupides et des trépans boueux
L’esprit de la terre a longuement pressé
Les feuilles les arbres et les animaux
Pour en tirer le suc les parfums et l’essence du feu
L’esprit de la terre a longtemps médité
Sur le destin des hommes
Allait-il leur confier le feu
Qui allait changer leur vie
Fils de Prométhée, ils creusent, ils creusent
Cherchant toujours plus loin
Dans tous les recoins
Le dernier souffle de l’esprit de la terre
Que ferons, que ferons-nous
Du cadavre de la terre
Quand la bouche ouverte
Elle aura lâché le dernier souffle
Nous contemplerons le trou béant
Que nous ne remplirons jamais
De toutes nos larmes
Puis nous sècherons, nous sècherons
Sur la margelle du puits
Sans âme, le regard perdu
Le souffle accroché aux branches mortes
Ne goûtant plus la chaleur du soleil
Sur notre peau parcheminée
Nous nous coucherons, nous coucherons
Comme des gisants de pierre
Dans la poussière du temps
Cachant bien la honte
D’avoir brûlé le dernier souffle de la terre
D’avoir laissé s’échapper l’esprit du monde
Pour que la folie s’engouffre dans les entrailles de la terre
Dans les entrailles de la mère
©Georges Beaulieu
Salut Georges !
Ton souffle a plus de souffle que le mien. Intéressant ton texte. Bonne journée !
les mots sont la lumière qui éclaire cette toile qu est le net
Souvent on est mieux dans les silences, les secrets et les chuchotements.