Archives mensuelles : octobre 2012

Ciel et terre, 24 octobre 2012

Ce matin là, il y avait au sol une gelée qui s’était accrochée à toutes les brindilles et aux feuilles qui ont dépouillé les arbres. En marchant, on entendait un sourd craquement dans cette verdure raidie par le froid de la nuit.

 

De plus, une forte brume couvrait le lac tout entier. Avec le lever du soleil, cette large couche suspendue devant nous se dissipa peu à peu, laissant voir un lac d’un calme presque infini. Toute la nature autour de nous semblait en profonde méditation, comme émerveillée elle-même de ce retour attendu du soleil. C’était une vraie splendeur.

 

Vers midi, un chaud soleil nous faisait croire à un été des indiens en émergence. Nous nous sentions réconfortés.

Publicité

2 Commentaires

Classé dans Réfléxions quotidiennes

Mirages en parade

Les miroirs de ma vie

Racontent tout ce que j’ai oublié

Le spectacle des ans

Par séduction et mirage

Veut soumettre à l’idéal

Érotisation transitoire de l’humain

où la jubilation magnifie la beauté du rêve

qui superpose la supercherie à l’évidence

Le chaos fusionnel de l’image de soi

Nourrit la douleur narcissique de l’amour évanoui

La cérémonie du corps qui dévore la jeunesse

Dans une autonomisation à l’adresse du passant

Mascarade de la rose sans pétales

2 Commentaires

Classé dans Poésie

Comme au théâtre en octobre

 

Dans un centre d’achat dont les boutiques s’étendent sur trois étages, en plein après-midi, des clients circulent dans toutes les directions, en provenance de partout. Plusieurs ont effectué des achats, d’autres sont toujours en recherche.

 

J’ai quelques moments d’attente, je m’assieds sur un banc posé généreusement pour les pieds fatigués. Je suis en face de deux ascenseurs réservés aux fauteuils roulants et aux poussettes. Quelques personnes à la marche difficile viennent aussi s’en servir.

 

À regarder les gens défiler devant moi, je suis en pleine séance de théâtre. Les portes des ascenseurs qui ouvrent et qui ferment à rythme lent concrétisent mon imagination.  Il y a ces jeunes mères qui manipulent leur poussette avec adresse laissant à l’enfant le loisir de dormir en toute quiétude. D’autres arrivent mal à contrôler les trois petits dont l’un va à droite, l’autre à gauche et le bébé qui crie son désaccord de se faire brasser. « Maman, c’est par là les jouets ! » – « Non, non, ce n’est pas aujourd’hui qu’on y va !  Venez par ici !» – « J’ai mal au pied ! » – « Ça va faire le niaisage ! »

 

Deux vieux qui sortaient de l’autre ascenseur assistent impuissants à ces échanges familiaux.  Ils dodelinent de la tête et vont leur chemin à pas traînants. Une poussette vide et un enfant qui sautille sans cesse entrent dans un ascenseur laissé vacant par un préposé qui pousse un lourd chariot chargé de boîtes vides. Une dame aux chaussures désarticulées replace sa sacoche sur son épaule fatiguée, presse le bouton de commande avec une insistance nerveuse. Attendre semble l’irriter. Elle presse encore. Finalement, elle tourne le dos à l’ascenseur et s’en va avec un regard excédé.

 

Dans une nouvelle scène, un homme âgé vêtu d’un lourd manteau sort en tenant une canne qu’il pose fermement au sol. Il boitille. Tout son habillement est trop grand pour lui, même son chapeau lui donne un air de clochard. Au coin du passage, il s’arrête, hésite, puis vient reprendre l’ascenseur. On aurait dit qu’il était sorti au mauvais étage.

 

Tous ces gens sont des acteurs d’une société de consommation, ils n’ont plus guère l’envie de s’amuser. J’ose à peine m’imaginer ce que seront ces mêmes lieux quand viendra le temps des emplettes de Noël.

Poster un commentaire

Classé dans Réfléxions quotidiennes

Cortège insensé

 

 

L’ivresse de nos envies

nous brûlèrent des ponts

que nous croyions si essentiels

hier encore

 

L’œuvre des sens

a brandi nos êtres enfiévrés

hors des conventions entretenues

 

La luxure de nos inclinations

a dispersé des éclats de toi

tout autour de la forteresse de mes retenues

 

Notre fièvre a pris chair

dans l’innocence de nos confiances

et dans l’énoncé d’aveux d’éternité

 

L’émotion de toutes nos vies

ensoleille nos sagesses épargnées

et colore tous nos matins du monde

hier et pour toujours

Poster un commentaire

Classé dans Poésie

Paroles pour un chant démodé

 

Elle danse comme feuille à l’arbre

Le matin s’habille de beaux courants d’air

Part en voyage comme train d’enfer

Charme séduction gestes et palabres

Chimère Chimène

Il s’enfuit et dort fait le chien et mord

Cogne et tire à sueur d’automne

Marche toujours droit même si ivre mort

Sagesse d’hier aujourd’hui détonne

Forcené forçat

Rodomontade et discours emprunté

Au plus fort donné avantage sacré

Cocarde et médailles sur coquille montées

Le fou parle haut le bateau ancré

Trompeuse trompette

Ciel s’éclaircit et morale renaît

L’enfer disparu maladie vaincue

Bonheur ajouté celui qui dit vrai

Travail et douleur quotidien vécu

Livre d’arrhes livre d’eau

2 Commentaires

Classé dans Poésie

LA CHANDELLE

 

 

Dans un salon de culture et de hauts savoirs, une chandelle faisait les cent pas devant une brillante fenêtre. Elle était penaude et triste. Elle se voyait avec une courte mèche et à la flamme peu lumineuse.

 

Tout autour, les meubles du salon lui semblaient tellement plus fiers et plus utiles à leur entourage. Même la plus petite table de coin avait mille avantages sur elle. Les tapis et les tableaux lui faisaient une envie qu’elle n’osait plus réprimer. Ce n’est que du coin de sa flamme qu’elle leur jetait un regard morne et un brin agressif. Quand elle voyait tous ces gens qui n’avaient d’yeux que pour les lustres, les miroirs et les étincelles des diamants, elle se tordait d’une douleur mélancolique. Une seule pensée habitait toute son attention et lui revenait sans cesse sous des formes toujours moins plaisantes : Qu’ont-ils tous que je n’ai pas ? Que dois-je faire pour mériter plus de con­sidération ? Me voilà devenue si inutile que j’arrive à croire que je me consume en vain.

 

Que faire ? Elle se disait qu’elle avait pourtant multiplié les essais et les efforts. De chandelier en bougeoir, sur la table et au coin des miroirs elle avait fait mille présences. Chaque fois, à peine une parole, voire un regard venaient rompre sa solitude ou la remercier de sa peine. Elle aurait tant aimé qu’on signale davan­tage sa chaleur, sa luminosité et sa luminosité bien­faisan­te. Maintenant, se voyant déjà largement écourtée, elle se demandait ce qu’elle ferait des deux autres tiers de sa cire toute blanche qu’il lui restait à offrir.

 

Soudain, un cendrier enluminé de verre et de pièces d’or, fut posé tout juste aux côtés de la morne et pensive chandelle. Il lui jeta un regard humble et furtif, mais se garda du premier commen­taire. Ce fut la chandelle qui rompit le silence devenu rapidement intenable. « Toi aussi, cendrier, tu me tournes la tête ? » lui lança-t-elle d’un souffle tiède. Sans changer sa position, mais en baissant les yeux, le cendrier lui dit : « Que t’arrive-t-il ? Pourquoi me dis-tu cela, moi qui ne suis qu’un porte-mégots qu’on se hâte d’écarter et d’oublier ? N’es-tu pas une belle chandelle comme toutes les autres ? De quoi te plains-tu ? » — « Je me sens si inutile. Personne ne prend soin de moi. Tout ce qui m’entoure me fait ombrage. Le seul conseil qu’on me donne c’est de ne pas trop vaciller et de ne pas porter le feu aux draperies. Pour le reste, on me relègue dans des endroits où je ne suis pas attendue. Vois ma cire généreuse, la droiture de mon corps et la brillance de ma flamme. Malgré tout, je me sens le ventre creux, la chair molle. Même ma flamme me paraît plutôt vide et froide. »

 

Le cendrier, soudain intéressé, interrompit sa plainte : « Je sais ce que tu dois faire. Tu vas te retirer dans le coin là-bas. » La chandelle sursauta. « Que dis-tu ? Tu voudrais que je m’éloigne, que je quitte les lieux clairs et pleins de lumière ?  Autant me demander de disparaître et de m’éteindre. » — « Comprends-moi bien, rétorqua le cendrier. Toi qui a pour mission de porter la lumière, que fais-tu aux abords des fenêtres, des miroirs et au centre des tables. Ce lieu est écarté, mais passant, il te donnera l’occasion recherchée de faire valoir toute l’importance de ta généreuse flamme. C’est là que tu brilleras de tous tes feux. Crois-moi, redresse ta mèche et va où tu seras la meilleure. L’humilité de ton coin te donnera valeur et considération. Et puis, oublie donc un peu que tu n’es pas née pour faire compétition. Tu es unique et ton succès n’est pas un en-soi que tu peux cueillir dès ta première flamme. Sois vigilante et demeure celle que tu as toujours été. Ton utilité, c’est toi qui la définit et qui l’enrichit. Ta présence, c’est ta lumière. De grâce, ne t’éteins pas et brille tant que ta cire te le permettra. Tu es si belle avec ta larme de joie au coin de l’oeil. »

 

La chandelle partit sans comprendre. Elle qui rêvait d’attirer tous les regards alla se planter au coin indiqué par le cendrier. Elle n’avait pas encore laissé échapper une goutte de cire que de jolies invitées vinrent près d’elle et, dans une complicité amoureuse, partagèrent avec elle mille secrets, mille aveux et mille engagements. Au centre de tant de confidences, elle n’en croyait pas ses courtes oreilles. Pourquoi moi ?

 

De loin, le cendrier gardait un air moqueur et laissait par à coups échapper quelques courtes bouffées de rires.

Poster un commentaire

Classé dans Réfléxions quotidiennes

PEUT-ÊTRE

 

Le jour où l’ombre noire viendra

Vents et marées l’accompagneront

Les nuits nous seront décomptées

De mon seul souffle tu voleras

 

Alors et toujours comme il plaira

Je serai l’onde de ta pierre jetée

Cent cercles autour le répéteront

Tel le huard dans la brume naissante

 

Le cri de nos vies dans un ciel clair

Comme la rose à peine éclose

Dira le parfum d’un amour nanti

Tel la bague au contour infini

3 Commentaires

Classé dans Poésie

Oui, j’ai déjà fait du ski !

 

Depuis le milieu de l’été, il y a des travaux majeurs dans la montagne derrière chez moi, ce qui a permis l’ajout de quelques pistes nouvelles. Désormais le Mont-Saint-Mathieu a fière allure, tant par son nouveau chalet que la multiplication de ses pentes, au point d’être un point d’attrait particulier pour les skieurs des villes et villages des alentours.

 

Puisque notre maison est à deux pas de ce centre sportif, il semble évident que nous y sommes des assidus et que nous sommes présentement à bien astiquer nos équipements pour l’hiver qui ne manquera pas de venir. Et non, ce n’est pas le cas !

 

Il faut dire qu’étant beaucoup plus jeunes nous avions nos skis, mais c’était bien avant l’arrivée des pistes organisées et des remonte-pente. En ces temps passés, les skis étaient tout en bois et les attelages étaient en cuir. Mis à part les ferrures où s’enfilaient les bouts des bottes, l’ensemble avait davantage l’air des skis de fond plutôt que de skis alpins.

 

À l’époque, pour pratiquer ce sport, il fallait d’abord trouver un champ avec une pente intéressante, sans trop de clôtures mal dissimulées par la neige et qui ne soit pas trop loin de notre demeure. C’était forcément à l’extérieur du village. S’y rendre était déjà toute une aventure. Nos habits n’avaient pas la légèreté et toutes les qualités de ceux d’aujourd’hui. Ou la sueur nous faisait grelotter, ou le froid et le vent nous transperçaient. Mais, à bouger sans trop d’arrêt, nous arrivions à bien vivre ces moments avec grand plaisir.

 

Arrivés au lieu choisi, il ne nous restait plus qu’à faire un premier tracé, bâtir un petit monticule pour permettre un saut, nous rendre au haut en plaçant les skis en un grand V, faire une courte pause, puis nous élancer vers le bas en poussant énergiquement sur les bâtons.

 

Après quelques descentes réussies et autant de remontées, le temps de la randonnée était largement écoulé. Il fallait revenir à la maison avant que nos parents s’inquiètent de notre trop longue absence. À peine déchaussés et dégreillés, nous avions de chaudes galettes aux raisins qui nous attendaient dans une cuisine pleine de leur odeur. Miam !

 

1 commentaire

Classé dans Réfléxions quotidiennes

Balançoire et …

 

 

À la maison au lac, tout juste au bord de l’eau, il y a une balançoire que mon père a construite il y plus de 40 ans. Les vents et les pluies ont lentement donné un air vieillot à cette construction. Pour certains, elle pourrait avoir un urgent besoin de rajeunissement, mais sa solidité lui garantit encore bien des années.

 

Tout juste à côté, il y a une vieille souche qui ne fait pas plus de 30 centimètres de haut. Il y avait là un arbre qui donnait des signes fatigue et d’appauvrissement. Plusieurs de ses branches devenaient sèches et stériles. Un jour, on a dû se décider à le couper. Aujourd’hui encore, on peut voir que le cœur de l’arbre était pourri. Un grand trou marque l’emplacement de ce qui était hier un tronc sain et solide. À chaque année, des champignons poussent sur l’écorce de ce vestige d’arbre. Des guêpes y ont déjà enfoui leur nid en plein centre et tout au fond.

 

Deux pas plus loin, c’est un érable qui, en automne, malgré sa jeunesse, déploie un feuillage au rouge très éclatant. Chaque feuille qui tombe au sol crée un vrai tapis royal. Quel beau déploiement !

 

Ici, le moins jeune côtoie le moins âgé, et chacun donne sa contribution pour un paysage qui invite tendrement à s’y lover et à s’y loger.

 

Poster un commentaire

Classé dans Réfléxions quotidiennes

« Fragile comme la feuille à l’arbre, la vie ! » (Félix Leclerc)

 

Bien assis sur une chaise aux couleurs méditerranéennes, je regarde les arbres qui brillent au soleil. Le temps est bon. On dirait que ça sent le cèdre. Une légère brise fait frissonner les feuilles. Si bien que l’une d’elles se détache de sa branche. Elle virevolte, fait un long détour, continue sa course, puis vient s’ajouter à toutes celles qui déjà ornent le sol de mille petites taches colorées. C’est un vrai signe du début de l’automne.

 

Chez certains philosophes, on compare la vie à ce court instant qui commence quand la feuille se détache de l’arbre et qui se termine au moment où elle tombe au sol.

 

En ce temps de l’automne où les arbres rivalisent de virtuosité pour nous offrir les plus belles compositions de couleurs, cette image de la chute de la feuille ne peut qu’enrichir le brin de nostalgie qui ne manque pas de surgir avec l’arrivée des premiers froids et les départs incessants de tous ces oiseaux qui, l’été, habitent nos alentours.

 

Dans la suite de cette comparaison, il y a tout lieu d’espérer que la mienne (ma feuille) parte au plus haut de l’arbre et qu’elle en profite pour faire mille cabrioles et plus d’un vol plané avant de terminer sa course sur un banc esseulé dans un parc où jouent des enfants.

Poster un commentaire

Classé dans Réfléxions quotidiennes