Vent nuage et confrontation
Envergure et montagne
Huées foulards et l’impossible
Violence qui rétrécit le monde
Dialogue tronqué voix muette
Crainte et frayeur sociale
Dieux et démons en lutte
Le temple se drape de noir
Le trottoir a largeur de rue
Le salut a hauteur de poing
Stupeur et colère au cœur
Recrudescence manifeste
Affirmation de l’incompris
Liberté outrée et proférée
L’honneur dans le désordre
Sans colombe la paix gémit
L’opinion tranquille
Quand il est question de nous aider à comprendre le monde, les journalistes ont depuis longtemps remplacé les explorateurs. Certains conservent pourtant l’allure des aventuriers, comme l’excellente Marie-Ève Bédard à la SRC et de nombreux correspondants avant eux, Raymond Saint-Pierre, Jean-François Lépine et Céline Galipeau, qui ont bravé de nombreuses difficultés pour nous offrir un éclairage d’actualité sur les pays étrangers, dont des zones de conflits majeurs.
Dans les villages de jadis, ce sont les voyageurs, que chante Vigneault, qui rapportaient les nouvelles des autres pays que sont les régions québécoises d’aujourd’hui. Trappeurs, quêteux, hommes de chantier, puis voyageurs de commerce, pouvaient alors broder à leur aise sur ce qu’ils avaient vu ou dont ils avaient entendu parler, décrivant des réalités peut-être pas toujours exactes, mais qui faisaient souvent rêver.
Grâce à la technologie de l’ordinateur, c’est désormais de la plupart des régions du globe que les multiphones omniprésents et autres tablettes électroniques permettent de transmettre quasi instantanément des images et des scènes de vie quotidienne. Mais ce flot d’informations désormais accessibles a plutôt tendance à devenir averse, et pour éviter de s’y noyer, chacun désormais navigue plus volontiers sur des canaux choisis.
Or, s’il est une dimension qui se tarit quand on ne visite que des sources spécialisées, c’est celle de l’opinion tranquille et de l’analyse logique des faits, contraire aux voix qui hurlent sur tout et rien, s’appuie sur des instincts égoïstes et surtout nourrit l’indifférence.
Désormais, quand un événement se produit, au lieu d’en être trop souvent le témoin attentif, il me semble, et de réfléchir à ce qui est en train de se passer, l’être humain «désintelligent» sort un appareil et filme ou photographie avec l’intention de revivre en image ce qu’il n’a d’abord pas pris le temps de vivre.
Toute autre est l’action des médias de l’humour ou de la réflexion documentée. Les joyeux journalistes «baveux» de Charlie Hebdo, victimes d’un assassinat bestial, en étaient, de cette attitude ouverte, qui sait critiquer, comme le font les chaînes généralistes de radio, de télé ou d’internet. On y choisit un point de vue, bien sûr, mais on y offre un contexte à la nouvelle, et sans la cantonner dans un créneau restreint ni se servir du matraquage et de la banalisation. L’opinion tranquille, c’est la rosée, jamais le verglas.
Gleason (chronique du 14 janvier parue dans l’Écho du Nord)